
Photo Gérard Massé
Ce sont les nuages qui en tiennent lieu, et la neige en hiver, et le jardin du sable ajouté à l’époque d’Edo, dont la forme est celle d’un lac chinois précieusement situé, tandis qu’une colline abstraite évoque juste à côté le mont Fuji, mais un mont Fuji représenté tête nue, sans son éternel chapeau neigeux : c’est en fait un cône tronqué, dont la perfection pourrait servir d’exemple à ceux qui enseignent la géométrie dans l’espace.
Sauf après la pluie battante au mois de juin, quand tout est à refaire et quand le château de sable, creusé de profondes lézardes, menace de s'effondrer.
Le jardin à ses pieds prend alors l'allure d'un paysage maritime modelé en quelques heures par l'eau et le vent, qui dessinent presque aussi vite qu'un pinceau les échancrures d'un rivage, creusé par une rivière qui cherchait une embouchure. Une rivière dont le lit est aussitôt à sec, comme si le temps précipitait son action.
Mais le sable ratissé est bientôt prêt à recevoir l'éclairage de la lune, quand l'astre froid brille de nouveau dans la nuit claire, et qu'à l'autre bout de la ville se sont éteints les derniers feux du trop clinquant Pavillon d'or.
C'est alors que le jardin est un véritable lieu de mémoire, dans cette lumière incertaine où se confondent le souvenir et le rêve. C'est sans doute vrai de tout jardin sous tous les cieux, mais plus encore au Pavillon d'argent où se côtoient un lac du continent et le mont sacré qui trône au milieu de l'archipel. Exactement comme dans la mémoire quand se rapprochent sans prévenir, et sous forme d'images, des évènements qui ont lieu à des années de distance.
Extrait de « Illusions sur mesure » Edition Gallimard, 2004
Sauf après la pluie battante au mois de juin, quand tout est à refaire et quand le château de sable, creusé de profondes lézardes, menace de s'effondrer.
Le jardin à ses pieds prend alors l'allure d'un paysage maritime modelé en quelques heures par l'eau et le vent, qui dessinent presque aussi vite qu'un pinceau les échancrures d'un rivage, creusé par une rivière qui cherchait une embouchure. Une rivière dont le lit est aussitôt à sec, comme si le temps précipitait son action.
Mais le sable ratissé est bientôt prêt à recevoir l'éclairage de la lune, quand l'astre froid brille de nouveau dans la nuit claire, et qu'à l'autre bout de la ville se sont éteints les derniers feux du trop clinquant Pavillon d'or.
C'est alors que le jardin est un véritable lieu de mémoire, dans cette lumière incertaine où se confondent le souvenir et le rêve. C'est sans doute vrai de tout jardin sous tous les cieux, mais plus encore au Pavillon d'argent où se côtoient un lac du continent et le mont sacré qui trône au milieu de l'archipel. Exactement comme dans la mémoire quand se rapprochent sans prévenir, et sous forme d'images, des évènements qui ont lieu à des années de distance.
Extrait de « Illusions sur mesure » Edition Gallimard, 2004