pas de risque de manque d'eau malgré la sécheresse


MARSEILLE - La sécheresse qui sévit depuis le printemps dans le Sud-Est a contraint à des mesures de restrictions dans plusieurs zones mais la région est loin de la rupture de l'approvisionnement en eau, selon plusieurs spécialistes.


Hautes Alpes
Cette situation paradoxale est rendue possible par le Canal de Provence, un réseau de canalisations alimenté par les barrages de Sainte-Croix et Serre-Ponçon, sur le Verdon. Le réseau dessert les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence, une partie du Var et du Vaucluse. 
 
"Les réserves sont assez élevées grâce à une gestion très prudente en hiver", a expliqué le directeur départemental de l'agriculture et des forêts des Bouches-du-Rhône, Hervé Brulé. EDF, premier consommateur de cette eau, a ainsi réduit l'activité de sa centrale hydraulique, à la faveur d'un hiver par ailleurs assez clément.  

Contrairement aux agriculteurs du Sud-Ouest ou du Centre de la France, tributaires pour leur arrosage des rivières et cours d'eau, ceux des Bouches-du-Rhône puisent largement dans les eaux de ce canal, vieux de 50 ans et jusqu'ici inépuisable.

"Il n'y a pas un maraîcher ou une exploitation agricole qui ait un souci d'arrosage", assure Claude Baury, responsable de la gestion de l'eau et de l'environnement à la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône.

Seul ennui, en raison de la chaleur: les terres ont besoin de plus d'eau d'où une inflation de la facture des exploitations agricoles, note-t-il. 
 
Il n'y a "pas de risque non plus de coupures d'eau potable" chez les particuliers, dit M. Brulé, soulignant qu'aucune mesure de ce type n'était d'actualité.

"Cela ne sert à rien de gaspiller", met-il toutefois en garde tandis que M. Baury parle de la nécessité de "gérer avec prudence" cette ressource fragile. 
 
Cette abondance en eau ne reflète pas l'état des rivières et dans certains secteurs des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, il est désormais interdit de puiser dans les rivières et les nappes pour arroser sa pelouse, arroser son potager de jour, laver sa voiture ou remplir sa piscine. C'est ainsi le cas à Salon-de-Provence, Pélissane, Aix-en-Provence ou Gardanne (Bouches-du-Rhône).

"On demande aux gens de faire un effort. Ce n'est pas un drame d'avoir une pelouse un peu jaune en plein été", dit M. Brulé.

La situation semble la plus délicate dans les Alpes-de-Haute-Provence où tous les agriculteurs n'ont pas accès au canal de Provence et où nombre de cours d'eau sont à sec. Un évènement qui se renouvelle depuis cinq ans en raison du peu de pluies enregistrées au printemps et du faible enneigement l'hiver.  

"Nombre d'agriculteurs ont dû baisser leurs prélèvements ou s'orienter vers des cultures moins gourmandes en eau", explique le directeur de cabinet du préfet de ce département, Mohamad Saadalah.

Particuliers et collectivités ont interdiction de puiser dans les cours d'eau dans la journée.

A côté de ces mesures, "nous menons une action d'éducation à la rareté", dit M. Saadalah, selon qui cette démarche commence à porter ses fruits.