Le Parfumeur
Le Parfumeur
Jean-Paul Pigeat
Cet amoureux des paysages a été foudroyé dans le métro, à la veille de l'inauguration de la Foire internationale d'art contemporain (FIAC) pour laquelle il avait scénographié l'exposition sur le cinquantenaire de la DS-Citroën.
Si la mode des jardins qui déferle en France depuis quelques années ne l'avait pas attendu, le dynamisme du personnage et son art de la provocation ont certainement aidé au renouveau et à la médiatisation du phénomène.
De ses conseils sont notamment sortis le réaménagement des jardins du Palais-Royal par l'Américain Mark Rudkin, puis le concours pour la restructuration des Tuileries, dont Louis Benech et Pascal Cribier furent les lauréats.
Ce boulimique fut surtout l'animateur du Festival de Chaumont, qui en est à sa 14e édition. Son idée de créer une manifestation éphémère appliquée à l'art des jardins, sur un thème singulier, renouvelé chaque année, était considérée comme une hérésie par les professionnels et les amateurs pour qui la dimension temporelle est essentielle au jardin : celui-ci a besoin de se transformer lentement aux rythmes des saisons et des années. Pigeat avait fait la sourde oreille. Ce qui avait provoqué des frictions avec de nombreux acteurs de ce milieu. Mais l'homme, un Auvergnat coriace et charmeur, à l'oeil vif, avait l'épiderme - et la dent - dur.
Jean-Paul Pigeat était né dans une famille bourgeoise, à Montluçon (Allier), le 3 avril 1946, mais il a été élevé à Paris. Après des études juridiques et commerciales, il est engagé à l'ORTF par Pierre Schaeffer, qui dirige alors le service de la recherche. Il travaillera avec lui jusqu'à l'éclatement de l'institution en 1974.
Il y rencontre aussi le cinéaste Eric Rohmer, qui réalise alors des téléfilms sur la ville. Cela permet au jeune Pigeat de se familiariser avec de grandes figures de l'architecture et de s'intéresser à la ville comme aux paysages. Avec Catherine Dreyfus, il signe un livre sur Les Maladies de l'environnement. Fin 1975, il entre au Centre Pompidou, encore en travaux, pour travailler à la galerie d'actualité, avec François Barré et Claude Mollard. Là, il prépare des expositions sur des sujets très divers : le bruit, les déchets, l'espace ou le paysage. Un projet avorté sur le thème des jardins le propulse au ministère de la culture où siège Jack Lang. En 1988, Jean-Paul Pigeat deviendra son conseiller pour les jardins.
"UNE INSTITUTION ORIGINALE"
C'est grâce à M. Lang, à l'époque député de Loir-et-Cher et maire de Blois, qu'il pourra, en 1992, installer son Festival international des jardins sur une parcelle du parc de Chaumont, propriété du Centre des Monuments historiques. "Nous avons créé une institution originale pour parler des jardins et du paysage, pour montrer que cet art ne relève pas du passé, mais qu'il est ancré dans la réalité européenne", déclarait Jean-Paul Pigeat au Monde. Chaque année, quelque 150 000 personnes viennent admirer les jardins changeants élaborés avec des bonheurs divers.
Très vite, un conservatoire s'est greffé sur le festival. Destiné à délivrer une formation professionnelle permanente et un enseignement supérieur (un DESS en liaison avec l'université de Tours et un diplôme avec le Conservatoire national des arts et métiers), il comprend aussi un bureau d'études qui conseille les collectivités locales désireuses de créer ou de rénover leurs jardins.
Enfin, Jean-Paul Pigeat était, depuis 2002, responsable du château de Chaumont proprement dit et de son parc historique, dessiné par Achille Duchêne. Son projet était de tisser des liens étroits entre les deux entités de Chaumont et d'étendre le parc.
Il trouvait aussi le temps d'écrire et de publier de nombreux ouvrages - inégaux - autour de l'univers des jardins. L'institution originale qu'il avait créée à Chaumont portait sa marque. Elle aura du mal à trouver un remplaçant.
Si la mode des jardins qui déferle en France depuis quelques années ne l'avait pas attendu, le dynamisme du personnage et son art de la provocation ont certainement aidé au renouveau et à la médiatisation du phénomène.
De ses conseils sont notamment sortis le réaménagement des jardins du Palais-Royal par l'Américain Mark Rudkin, puis le concours pour la restructuration des Tuileries, dont Louis Benech et Pascal Cribier furent les lauréats.
Ce boulimique fut surtout l'animateur du Festival de Chaumont, qui en est à sa 14e édition. Son idée de créer une manifestation éphémère appliquée à l'art des jardins, sur un thème singulier, renouvelé chaque année, était considérée comme une hérésie par les professionnels et les amateurs pour qui la dimension temporelle est essentielle au jardin : celui-ci a besoin de se transformer lentement aux rythmes des saisons et des années. Pigeat avait fait la sourde oreille. Ce qui avait provoqué des frictions avec de nombreux acteurs de ce milieu. Mais l'homme, un Auvergnat coriace et charmeur, à l'oeil vif, avait l'épiderme - et la dent - dur.
Jean-Paul Pigeat était né dans une famille bourgeoise, à Montluçon (Allier), le 3 avril 1946, mais il a été élevé à Paris. Après des études juridiques et commerciales, il est engagé à l'ORTF par Pierre Schaeffer, qui dirige alors le service de la recherche. Il travaillera avec lui jusqu'à l'éclatement de l'institution en 1974.
Il y rencontre aussi le cinéaste Eric Rohmer, qui réalise alors des téléfilms sur la ville. Cela permet au jeune Pigeat de se familiariser avec de grandes figures de l'architecture et de s'intéresser à la ville comme aux paysages. Avec Catherine Dreyfus, il signe un livre sur Les Maladies de l'environnement. Fin 1975, il entre au Centre Pompidou, encore en travaux, pour travailler à la galerie d'actualité, avec François Barré et Claude Mollard. Là, il prépare des expositions sur des sujets très divers : le bruit, les déchets, l'espace ou le paysage. Un projet avorté sur le thème des jardins le propulse au ministère de la culture où siège Jack Lang. En 1988, Jean-Paul Pigeat deviendra son conseiller pour les jardins.
"UNE INSTITUTION ORIGINALE"
C'est grâce à M. Lang, à l'époque député de Loir-et-Cher et maire de Blois, qu'il pourra, en 1992, installer son Festival international des jardins sur une parcelle du parc de Chaumont, propriété du Centre des Monuments historiques. "Nous avons créé une institution originale pour parler des jardins et du paysage, pour montrer que cet art ne relève pas du passé, mais qu'il est ancré dans la réalité européenne", déclarait Jean-Paul Pigeat au Monde. Chaque année, quelque 150 000 personnes viennent admirer les jardins changeants élaborés avec des bonheurs divers.
Très vite, un conservatoire s'est greffé sur le festival. Destiné à délivrer une formation professionnelle permanente et un enseignement supérieur (un DESS en liaison avec l'université de Tours et un diplôme avec le Conservatoire national des arts et métiers), il comprend aussi un bureau d'études qui conseille les collectivités locales désireuses de créer ou de rénover leurs jardins.
Enfin, Jean-Paul Pigeat était, depuis 2002, responsable du château de Chaumont proprement dit et de son parc historique, dessiné par Achille Duchêne. Son projet était de tisser des liens étroits entre les deux entités de Chaumont et d'étendre le parc.
Il trouvait aussi le temps d'écrire et de publier de nombreux ouvrages - inégaux - autour de l'univers des jardins. L'institution originale qu'il avait créée à Chaumont portait sa marque. Elle aura du mal à trouver un remplaçant.
