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Haut Atlas Central, des montagnes et des hommes


«...Il n’aspire qu’à manger du pain d’orge, à boire du lait de la chèvre, à chanter dans la vallée ces balades que chantaient ses aïeux. C’est une plante de la montagne. Il faut que sa racine soit dans le rocher. Elle ne peut vivre si elle n’est battue des vents et des pluies. La terre, les abris et le soleil de la plaine la font mourir...»


Les paroles de François-René Chateaubriand sont tout à fait valables pour la population de l’atlas marocain. Des femmes et des hommes fiers et courageux. Ils ont réussi à être ouverts sur le monde tout en restant attachés à leurs montagnes et à ses valeurs. Des femmes et des hommes gardiens de ce Maroc profond.

Tout un monde rural et montagnard riche en histoire et en particularismes est évoqué par ces deux mots, Atlas et Maroc, et que le voyageur ou le touriste pressé ne se risque pas hélas à visiter. Certains perçoivent avec jubilation la richesse de ces paysages. D’autres voyageurs patients finissent par découvrir l’atlas marocain et dans quel cadre se déroule la vie rude des montagnards et comment ils vivent chaque jour, chaque saison. Quelles sont leurs fêtes, leurs coutumes et leur rapport avec la nature été comme hiver.

C’est en 1982 que l’occasion m’a été donné de découvrir le haut atlas central. La tribu Imaghrane située prés de Ouarzazate fut ma première famille d’accueil. Depuis, appareil photo en bandoulière et carnet de piste en poche, j’ai parcouru ces montagnes et leurs vallées cachées aux parfums exaltants. Toute une civilisation et un art de vivre se perpétuent dans ces contrées. J’ai connu les populations de ces montagnes. Travailleuses et courageuses, elles tirent avec dignité de la terre des ressources juste suffisantes pour leurs familles et leurs bêtes. Les habitant de l’atlas marocain étaient de véritables écologistes avant la mode. Ils ont su depuis des siècles rendre leurs ressources durables en utilisant avec intelligence et économie l’eau des sources, les pâturages des Agdals et la terre cultivée en terrasses. J’ai découvert auprès d’eux une manière rationnelle et durable de vivre en parfait équilibre écologique avec leur environnement qu’ils exploitent tout en le conservant et le transmettant dans un meilleur état possible à leurs enfants. Ils façonnent en esthètes le paysage et créent ainsi chaque jour des jardins d’une beauté rare; des jardins agréables pour le regard et utiles pour les greniers de la collectivité. On y fait pousser avec talent des arbres, des céréales, du safran, des légumes et autres fruits et plantes aromatiques.
Pour chacune des tribus que j’ai connu : (Aît Haddidous, Aït Morrahds, Aït Attas, Aït Seddrates, M’Gounas...), les mariages, les fêtes religieuses ou agricoles, les moussems et les souks hebdomadaires, hauts en couleurs, sont des occasions de rencontres et d’échanges entre villageois et tribus voisins. Ces manifestations rythment la vie et consolident les lieux sociaux des habitants de la montagne.
Des reliefs secs de Ouarzazate, au lac de Bine El Ouidane dans son ecrain de verdure fait de forêts de gené et de chêne, de steppes et de prairies, en passant par les gorges de la Tassouate, la vallée des Aït Bouguemez, Zaouite Ahansal, Assif l’Mal, Imilichil, plateaux de Talkidite et les monts du M’goun (la montagne des montagnes qui abritent l’été les seules neiges éternelles au Maroc). Ces vallées d’une beauté unique abritent des villages et Kasbah en pisée et de beaux sites naturels qui n’attendent qu’à être découverts.
Aujourd’hui encore, comme la première fois, chaque voyage dans l’atlas marocain est pour moi comme si je plonge dans une encyclopédie vivante où j’apprends à lire la civilisation si riche et variée de ces montagnes si prêtes aussi à accueillir et s’approprier le changement et la modernité mais si jalouse de son calme et de sa qualité de vie.

Il est vrai que le téléphone portable, l’électricité, le gaz et les antennes paraboliques sont aujourd’hui partout, et c’est une bonne chose, mais rien n’a changé dans les coutumes d’accueil et d’hospitalité des montagnards de l’atlas marocain.

J’ai pu suivre, au fil des années et des virées, le développement de ces régions qui grâce à la société civile et la participation des femmes ont pu construire des pistes, des barrages, des écoles, des fontaines, des puits et des coopératives. Il est admirable de voir les femmes et les hommes de ces montagnes doter leur terre d’équipements modernes et s’ouvrir sur le monde et l’accueillir chez l’habitant ou dans de nombreuses auberges avec leur cachet local. Ils sont d’ailleurs, à mes yeux, les pionniers au Maroc d’un tourisme durable et équitable ces montagnes sont d’ailleurs des véritables stratèges de l’écotourisme.
Un conseil pour le voyageur avide d’apprendre. Abandonnez, dès que vous le pouvez, le 4x4 et suivez ces sentiers qui serpentent le long des flans des montagnes et qui vous mèneront vers des villages nichés dans des paysages splendides. Les habitants vous y réserveront un accueil chaleureux. Ne refusez pas le thé d’accueil et nouer autant que possible des liens avec les habitants de l’Atlas. Cet échange peut rendre votre séjour agréable et inoubliable.
Dans le silence et l’air pur des ces hautes altitudes, le citadin se sentirait presque affranchie de toutes pensées et préoccupations terrestres. Le tréfonds occupé et stressé de son être redevient sain et simple. Il retrouve la sérinité de l’âme et perçoit avec joie les sublimes beautés de ces hauteurs.

A propos de ce que l’on ressent après la découverte de l’atlas marocain René Euloge, écrivit en 1932 dans son livre «Pastorales Berbéres» : «... Aussi ne soyons point trop superbes et ne nous considérons pas trop instruits pour descendre une fois à la manière si simple de penser et de juger de ce montagnard du Grand Atlas dont aucune instruction n’a encore altéré la sensibilité primitive et qui nous apprend à voir où nous avons perdu notre divinité pour la remplacer par des idoles sans vie ».




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