Abderrazzak Benchaâbane
D’où vous est venue l’idée de fonder un musée de l’Art de vivre à Marrakech
Tout voyageur garde de ses vacances des souvenirs de paysages traversés, de monuments visités, de rencontres enrichissantes et de moments vécus. Parmi tous ces souvenirs, c’est la découverte d’un nouvel art de vivre, d’une civilisation qui est la plus marquante. L’architecture, la gastronomie, l’art de l’habillement, les us et coutumes habitent durablement les souvenirs.
L’art de vivre est vivant, il ne peut faire l’objet d’un musée où les collections semblent, en général, appartenir au passé. Mais la rencontre entre le voyageur et l’art de vivre d’un pays est nécessaire, voire même indispensable pour que le visiteur, au-delà de l’histoire et du patrimoine bâti d’une civilisation, découvre ses autres dimensions et valeurs, celles de son art de vivre.
J’ai remarqué à maintes reprises une intense curiosité chez les touristes qui se baladent dans les ruelles de la Médina de Marrakech. Dès qu’une porte de maison ou de riad est entrouverte, ils veulent voir l’intérieur. Il s’agit souvent d’habitations privées ou de riads transformés en maisons d’hôtes, donc fermés au public. Dès que j’ai pu faire l’acquisition d’un vieux riad du 19è siècle, il y a dix ans de cela, j’ai pensé y installer un musée. L’idée d’un musée de l’art de vivre s’est très vite imposée. En 2006, je l’ai restauré dans les règles de l’art avec les artisans de Marrakech. Cette maison qui appartenait au poète marrakchi du Malhoun Ben Omar a toujours été généreuse avec les artistes et les voyageurs. A mes yeux, le Riad devait conserver cette générosité et cette ouverture sur l’autre. C’est le lieu idéal pour abriter un musée de l’Art de Vivre marocain. D’ailleurs, par sa seule architecture, la décoration de ses plafonds et ses riches boiseries, le lieu suffisait déjà à lui tout seul à représenter un certain art de vivre marocain.
Quelle est la mission de ce musée ?
Il pourrait être un véritable médiateur pour la culture marocaine vivante. A travers un tel lieu dédié à la culture, le visiteur découvre, toute en respectant l’intimité d’un peuple, son art de vivre.
Tout voyageur garde de ses vacances des souvenirs de paysages traversés, de monuments visités, de rencontres enrichissantes et de moments vécus. Parmi tous ces souvenirs, c’est la découverte d’un nouvel art de vivre, d’une civilisation qui est la plus marquante. L’architecture, la gastronomie, l’art de l’habillement, les us et coutumes habitent durablement les souvenirs.
L’art de vivre est vivant, il ne peut faire l’objet d’un musée où les collections semblent, en général, appartenir au passé. Mais la rencontre entre le voyageur et l’art de vivre d’un pays est nécessaire, voire même indispensable pour que le visiteur, au-delà de l’histoire et du patrimoine bâti d’une civilisation, découvre ses autres dimensions et valeurs, celles de son art de vivre.
J’ai remarqué à maintes reprises une intense curiosité chez les touristes qui se baladent dans les ruelles de la Médina de Marrakech. Dès qu’une porte de maison ou de riad est entrouverte, ils veulent voir l’intérieur. Il s’agit souvent d’habitations privées ou de riads transformés en maisons d’hôtes, donc fermés au public. Dès que j’ai pu faire l’acquisition d’un vieux riad du 19è siècle, il y a dix ans de cela, j’ai pensé y installer un musée. L’idée d’un musée de l’art de vivre s’est très vite imposée. En 2006, je l’ai restauré dans les règles de l’art avec les artisans de Marrakech. Cette maison qui appartenait au poète marrakchi du Malhoun Ben Omar a toujours été généreuse avec les artistes et les voyageurs. A mes yeux, le Riad devait conserver cette générosité et cette ouverture sur l’autre. C’est le lieu idéal pour abriter un musée de l’Art de Vivre marocain. D’ailleurs, par sa seule architecture, la décoration de ses plafonds et ses riches boiseries, le lieu suffisait déjà à lui tout seul à représenter un certain art de vivre marocain.
Quelle est la mission de ce musée ?
Il pourrait être un véritable médiateur pour la culture marocaine vivante. A travers un tel lieu dédié à la culture, le visiteur découvre, toute en respectant l’intimité d’un peuple, son art de vivre.
Musée de l’Art de Vivre à Marrakech.
Désormais ce Riad du 19ème siècle abrite le musée de l’art de vivre à Marrakech
Quels types d’expositions allez-vous y organiser ?
La présentation de collections permanentes d’objets d’art que je me plais à collectionner depuis de longues années et des expositions temporaires dédiées à l’art de vivre au Maroc. Ce Musée tentera de combler une lacune dans l’animation culturelle et touristique et offrira à la ville de Marrakech un espace de culture vivante. L’exposition inaugurale consacrée au caftan va se poursuivre jusqu’au 30 septembre. Suivra une exposition sur l’art du thé au Maroc.
Y-aura-t-il des animations culturelles ?
Outre sa fonction muséale, le musée a un programme culturel destiné aux habitants du quartier et au grand public dans l’objectif de pallier la fracture culturelle que connaît la médina de Marrakech. Il faut briser cette fracture et proposer aux jeunes du quartier des concerts, des rencontres avec des écrivains, des poètes…Cela pourrait même susciter des vocations et faire éclore des talents, jusque-là inexprimés. Le concert de musique arabe instrumentale de la formation Maqam Al Ochaq que nous avons organisé le 16 avril dernier à l’occasion du festival Jardin’Art 2010 a rencontré un vif succès, non seulement auprès des festivaliers mais aussi des habitants du quartier. Ce travail de proximité est important pour l’épanouissement de la jeunesse de la médina qui est loin de toute infrastructure culturelle. Cette programmation est complétée par un programme scientifique sous forme de colloques sur l’art au Maroc. Nous avons aussi une politique éditoriale avec la publication d’ouvrages sur l’art de vivre marocain qui a été inaugurée avec le superbe livre catalogue de l’exposition «Le temps du Caftan». Nous sommes conscients du rôle éducatif que doit jouer un tel musée dans la cité. Aussi nous avons mis au point un programme pédagogique qui invite les professeurs à venir faire des classes de patrimoine au musée.
Comment avez-vous financé la rénovation du riad et comment financerez-vous le fonctionnement du musée ?
Avec mes propres fonds. J’avais un lieu, une collection, de l’imagination et des amis qui m’ont soutenu pour répondre à une forte attente du public et des opérateurs touristiques. Le reste n’est pas si important.
Ne pensez-vous pas que ce genre d’initiative devrait plus souvent émaner des pouvoirs publics ?
Je pense sincèrement qu’il n’y a pas d’opposition entre le public et le privé. Les secteurs public et privé d’un pays sont tous les deux impérativement impliqués dans un projet de société. Ils sont complémentaires. Regardez le secteur de la santé publique par exemple. Le privé y est grandement impliqué et ce, dans l’intérêt de la santé de la population. Le secteur de la culture a besoin de la même synergie et j’espère que le secteur privé, par le biais des entreprises culturelles et des fondations privées, s’engagera davantage dans l’action culturelle au Maroc. Ainsi une nouvelle génération d’ingénieurs culturels viendra enrichir et compléter l’action du département de la culture. Vous savez que certains pays comme les USA par exemple, n’avaient pas de ministère de la Culture alors que des centaines de théâtres, de musées et de sites de qualité fleurissaient partout et assuraient une programmation culturelle de qualité.
La présentation de collections permanentes d’objets d’art que je me plais à collectionner depuis de longues années et des expositions temporaires dédiées à l’art de vivre au Maroc. Ce Musée tentera de combler une lacune dans l’animation culturelle et touristique et offrira à la ville de Marrakech un espace de culture vivante. L’exposition inaugurale consacrée au caftan va se poursuivre jusqu’au 30 septembre. Suivra une exposition sur l’art du thé au Maroc.
Y-aura-t-il des animations culturelles ?
Outre sa fonction muséale, le musée a un programme culturel destiné aux habitants du quartier et au grand public dans l’objectif de pallier la fracture culturelle que connaît la médina de Marrakech. Il faut briser cette fracture et proposer aux jeunes du quartier des concerts, des rencontres avec des écrivains, des poètes…Cela pourrait même susciter des vocations et faire éclore des talents, jusque-là inexprimés. Le concert de musique arabe instrumentale de la formation Maqam Al Ochaq que nous avons organisé le 16 avril dernier à l’occasion du festival Jardin’Art 2010 a rencontré un vif succès, non seulement auprès des festivaliers mais aussi des habitants du quartier. Ce travail de proximité est important pour l’épanouissement de la jeunesse de la médina qui est loin de toute infrastructure culturelle. Cette programmation est complétée par un programme scientifique sous forme de colloques sur l’art au Maroc. Nous avons aussi une politique éditoriale avec la publication d’ouvrages sur l’art de vivre marocain qui a été inaugurée avec le superbe livre catalogue de l’exposition «Le temps du Caftan». Nous sommes conscients du rôle éducatif que doit jouer un tel musée dans la cité. Aussi nous avons mis au point un programme pédagogique qui invite les professeurs à venir faire des classes de patrimoine au musée.
Comment avez-vous financé la rénovation du riad et comment financerez-vous le fonctionnement du musée ?
Avec mes propres fonds. J’avais un lieu, une collection, de l’imagination et des amis qui m’ont soutenu pour répondre à une forte attente du public et des opérateurs touristiques. Le reste n’est pas si important.
Ne pensez-vous pas que ce genre d’initiative devrait plus souvent émaner des pouvoirs publics ?
Je pense sincèrement qu’il n’y a pas d’opposition entre le public et le privé. Les secteurs public et privé d’un pays sont tous les deux impérativement impliqués dans un projet de société. Ils sont complémentaires. Regardez le secteur de la santé publique par exemple. Le privé y est grandement impliqué et ce, dans l’intérêt de la santé de la population. Le secteur de la culture a besoin de la même synergie et j’espère que le secteur privé, par le biais des entreprises culturelles et des fondations privées, s’engagera davantage dans l’action culturelle au Maroc. Ainsi une nouvelle génération d’ingénieurs culturels viendra enrichir et compléter l’action du département de la culture. Vous savez que certains pays comme les USA par exemple, n’avaient pas de ministère de la Culture alors que des centaines de théâtres, de musées et de sites de qualité fleurissaient partout et assuraient une programmation culturelle de qualité.
Le temps du Caftan
C’est avec une exposition sur le caftan que le musée a été inauguré le 26 mars dernier. Ce vêtement introduit au Maroc au XVIème siècle ne s’est pas figé dans le temps et de jeunes stylistes continuent à le réinventer. Le musée présente donc une collection de caftans et accessoires anciens ainsi que des créations contemporaines de Fadilah Berrada, Kenza Melehi et Frédérique Birkemeyer. Cette exposition est aussi un moyen de rendre hommage à des artisans qui ont su transmettre de génération en génération tout un art de vivre perpétué aujourd’hui par une relève très créative.
2, Derb Chérif, Diour Saboun, Medina de Marrakech.
Tél.: 05 24 37 83 73
Entretien réalisé par Valérie Tazi et publié par Le Soir 2chos dans son édition du Vendredi 23 avril 2010.
2, Derb Chérif, Diour Saboun, Medina de Marrakech.
Tél.: 05 24 37 83 73
Entretien réalisé par Valérie Tazi et publié par Le Soir 2chos dans son édition du Vendredi 23 avril 2010.